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CHANTIER d'ADDUCTION
d'EAU chez les
WIXARIKA-HUICHOL




L'accès à l'eau potable :

AGUA PARA TODOS








Introduction :

Dans une des régions quasi inaccessibles de la cordillère de la Sierra Madre Occidentale, au Nord-Ouest du Mexique vit l'ethnie WIXARIKA de son nom traditionnel, ou HUICHOLE de son nom hispanisé.


La population d'un hameau reculé de San Andres Cohamiata a fait part à notre association, lors d'une rencontre en avril 2006, des conditions déplorables de leur hydratation et de leur hygiène, dues principalement au manque d'eau lors de la saison sèche, et sources de nombreuses maladies.


Au FIL Des MONDES s'est engagée à participer à l'amélioration des conditions sanitaires de la communauté concernée afin de réduire le taux des maladies hydriques, diminuer le taux de mortalité infantile, et permettre la diversification des cultures pendant la saison sèche. Le moyen pour y parvenir est la réalisation d'une adduction d'eau potable dont le matériel est financé en partie par Au Fil Des Mondes et dont la réalisation technique est effectuée par la population huichole, avec l'aide technique d'associations mexicaines intervenant sur place. La participation financière d'Au Fil Des Mondes a été avalisée officiellement (documents du 14 avril 2006 et du 6 mars 2008) par les autorités indiennes locales Wixaritari.




un Rancho du hameau de Cohamiata

un Rancho du hameau de Cohamiata



Tukipa, le centre cérémoniel central

Tukipa, le centre cérémoniel central




La problèmatique de l'accès à l'eau :

Le 22 mars est consacrée par l'ONU " Journée mondiale de l'eau ". Cette ressource fait en effet défaut à plus d'un milliard d'humains et manquera plus cruellement encore à l'avenir sous la double pression du réchauffement climatique et d'une demande exponentielle de la population mondiale. Reconduite d'une année sur l'autre depuis 1993, la célébration permet de mesurer malheureusement l'absence réelle de progrès : d'après un rapport de l'UNESCO établit en 2006 sur la mise en valeur des ressources en eau, 1.1 milliard d'êtres humains n'ont pas accès à une quantité suffisante d'eau potable et 2.6 milliards de personnes n'ont pas accès aux équipements sanitaires de base. chaque jour, plus de 25.000 personnes en meurent, essentiellement des enfants.



Rencontre / photo de JM Heintz

Rencontre



Le hameau de ranchérias concerné par ce projet d'adduction de l'eau est situé sur un plateau montagneux (1920 mètres) au relief très accidenté où l'eau coule au fond de profonds canyons. Durant la saison des pluies, les sources sont alimentées et des résurgences d'eau permettent en altitude d'approvisionner la population. Durant la saison sèche, de novembre à juin, la rareté de l'eau devient un problème préoccupant : ces points d'eau s'épuisent et vient alors le temps des parcours de plus en plus longs, et des plus dangereux au vu de la topographie du terrain, pour trouver de l'eau. Cette tâche incombe particulièrement aux femmes et aux enfants.



Portage de l'eau par les femmes et les enfants / photo de Diego Echeverri

Portage de l'eau par les femmes et les enfants




Point de départ du projet : faire face à un double problème


- d'une part le manque d'eau :

Son usage est réservé prioritairement à la cuisson des aliments (où elle est bouillie et rebouillie). De ce fait, l'usage de l'eau pour la propreté n'est pas une priorité, et les gestes d'hygiène quotidiens (lavage des mains, du corps, des aliments, des habits) sont absents.

Si on ajoute l'inexistence de latrines, ces éléments participent au développement des maladies par contamination des matières fécales (transmissions faeco-orales). Enfin, sans possibilité de maintenir une irrigation adéquate des cultures, leur rendement devient extrêmement maigre et non diversifié (mono culture de maïs), induisant carences et anémies.


- d'autre part la mauvaise qualité du peu d'eau disponible :

Elle favorise le développement des maladies (infections gastro-intestinales, microbes intestinaux, diarrhées, dysenterie, typhoïde, hépatites … etc) dont les enfants sont les plus touchés, et la surconsommation de sodas.



La problématique de l'accès à l'eau




L'état d'esprit de notre engagement associatif :

La préservation des cultures et de l'environnement par des techniques occidentales est souvent inadaptée face à des systèmes de connaissance traditionnels qui sont non linéaires et complexes. Il nous importe que les actions sur le terrain en faveur de la minorité indigène se réalisent dans le sens d'un soutien aux initiatives locales et non par l'importation artificielle d'ambitieux projets qui ne tiennent pas compte de facteurs essentiels du contexte local, à la fois sociaux, économiques, et environnementaux.


Il ne s'agit pas en effet de calquer une quelconque vision occidentale ni de se substituer à la volonté des acteurs locaux _afin de ne pas créer de nouveaux déséquilibres à moyen et long termes_ mais plutôt de contribuer aux dynamiques positives de revitalisation.



Palabre sous le brise-soleil

Palabre sous le brise-soleil




Premières discussions de partenariat / photo de JM Heintz

Premières discussions de partenariat




Notre partenaire coordinateur :

Rencontré en France au mois de novembre 2007, Diego Echeverri Chollet est un architecte mexicano-suisse, membre de l'organisation mexicaine "Colectivo Coa A.C. Autonomía y Territorio" basée à Jalisco. Cette organisation s'appuie sur les compétences variées de ses membres (biologistes, avocats, architectes…) qui travaillent depuis le début des années 2000, et notamment au sein d'AJAGI, avec les peuples indigènes de la région Centre-Pacifique du Mexique pour la défense des droits indigènes et collectifs, la culture des semences, la restitution des territoires, et sur des chantiers de construction (habitat, coopératives, adduction d'eau…). Diego, de part sa double nationalité et ses connaissances du terrain a accepté d'être le coordinateur du projet




DEROULEMENT DU PROJET

1) Le diagnostic technique :

La réalisation du réseau d'adduction d'eau potable s'effectue au nord de San Andrès dans le village de Cohamiata, situé à deux heures de marche.







Du 5 au 8 mars 2008, Diego Echeverri et un autre membre de "Colectivo Coa", mandatés par "Au Fil des Mondes", se sont rendus sur place afin d'effectuer un diagnostic et une étude de faisabilité : évaluation de terrain et élaboration du projet sur le plan technique.


Avec la population de Cohamiata concernée par le projet et les autorités locales Wixaritari, ils ont envisagé ensemble la nature des travaux et des techniques à employer pour la réalisation du réseau d'adduction d'eau potable et l'ont ratifié sur des documents officiels.




Diagnostic sur le terrain






2) Le type de système retenu et les matériaux:

Des résurgences de " sources d'eau " jusqu'alors recueillies dans 3 bacs de tailles modestes, réalisés de terre et de pierres (rectangle bleu sur le plan suivant), le seront dorénavant dans un grand réservoir situé à quelques mètres plus bas (réservoir Sud), en aval des résurgences.



Seules résurgences à des kilomètres à la ronde





Par un système de pompage, l'eau sera propulsée et élevée d'une altitude de 40 mètres sur 1100 mètres (réseau rouge) vers le haut de la localité. Elle sera alors recueillie dans un second réservoir (réservoir Nord). Les deux réservoirs seront pleins lorsque la saison sèche apparaîtra. Du réservoir Nord, l'eau sera acheminée aux différents ranchos de la localité, situés en amont du niveau des sources d'eau, par un système de redistribution constitué d'un réseau de tuyaux enterrés.






Trois possibilités ont été envisagées pour le système de pompage, avec comme critère le souci de construire le système le mieux adapté et le plus pérenne possible. La première concernant l'utilisation d'une pompe a essence à rapidement été écartée car elle n'est appropriée ni d'un point de vue écologique ni pour l'autonomie du réseau (énergie chère et qu'il faut aller chercher loin, qualifications mécaniques pour la maintenance). Les 2 autres systèmes étudiés répondent aux préoccupations écologiques de l'ensemble des partenaires : l'énergie solaire et l'énergie éolienne. Le solaire est plus coûteux , plus fragile et demande plus de maintenance.



C'est donc la dernière alternative, un système de pompage par éolienne qui a été retenu, d'autant plus que la situation géographique (au bord d'un grand précipice) garantie une exposition aux vents suffisante pour que l'éolienne fonctionne correctement (vitesse minimum requise : 24 km/h). Sous l'effet du vent, les pales tournent (mouvement rotatif) et, par l'intermédiaire d'une " manivelle ", entraînent un piston (mouvement de va et vient) qui aspire l'eau.


L'éolienne, d'une hauteur de dix mètres, appelée " papalote " en espagnol, sera construite à côté du réservoir sud, la pompe étant installée à la verticale même de la structure (non immergée). L'eau pompée dans le réservoir sud sera acheminée dans une canalisation jusqu'au réservoir nord avec un système de valves empêchant l'eau de redescendre au premier réservoir.


L'eau redescendra disséminée par gravité (réseau bleu) vers l'ensemble des ranchos (30 familles/ 240 bénéficiaires), le tuki (centre cérémoniel), les 2 bâtiments écoles et la cuisine communautaire. Les deux surfaces ovales visibles sur le plan sont des bassins de récupération des eaux pluviales qui se tarissent pendant la saison sèche.





Schéma du réseau d'adduction :



retour1.jpg (61 Ko)

Shéma du réseau adduction Cohamiata




3) Répartition des rôles :

Les habitants de la communauté de Cohamiata construisent les deux réservoirs (sud et nord) suivant les décisions de l'assemblée locale. Ils se chargent également d'installer et d'enterrer les deux réseaux de tuyaux (rouge et bleu) pour un total d'environ 3800 mètres.


L'éolienne (papalote) et son équipement sont acheminés et installés par le personnel du constructeur Garzamotor. Les membres de la communauté de Cohamiata participent à l'installation. La maintenance du système est assurée par la communauté à travers l'un de ses membres qui est nommé par l'assemblée comme " responsable local pour le réseau d'eau potable ".


Colectivo Coa, sur place, se charge de faire le lien entre la communauté de Cohamiata et Au Fil des Mondes, d'établir les accords écrits, d'organiser le chantier, d'acheminer les matériaux autres que l'éolienne.


Au Fil Des Mondes se charge de rassembler une partie des fonds nécessaires à la réalisation du chantier.



Budget prévisionnel




4) La mise en place :


Partant d'une première plannification des travaux, un dossier de présentation du projet, comprenant un budget prévisionnel, a pu être établit. Nous avons ainsi démarré notre campagne de recherche de financement en lançant un appel à dons auprès des particuliers et des entreprises, pendant l'été 2008.


Diego effectuait un second voyage à la Sierra début octobre 2008 pour faire le point avec la communauté. Il nous apprenait à son retour que l'Etat mexicain s'investit de plus en plus dans la région et prend notamment part à l'amélioration des conditions sanitaire du bourg principal de San Andres et des hameaux alentours, pour des stratégies politiques dont ici n'est pas le lieu de débat.


Aussi, par l'intermédiaire des fonds d'un programme international de la FAO, l'Etat mexicain finance l'éolienne du hameau de Cohamiata. Son installation sera effectuée sous la coordination d'ADEYATI, une organisation mexicaine qui œuvre dans le même sens que notre association.







La construction du reservoir sud était terminée et celle du réservoir nord entamée mais à l'arrêt, faute de matériaux. Une demande de financement de matériaux de construction fut donc établie à l'attention d'AFDM. La technique employée est celle du ferrocimento : ciment mélangé avec du sable auquel on rajoute des fibres organiques comme renfort, rendant l'amalgame extrêmement dense et dur.







A la réunion de l'assemblée huichole du 15 décembre 2008, à laquelle est conviée Diego, il est établit que les tuyaux sont posés mais pas enterrés, que la papalote est montée mais nécessite un ajustement, que la construction du réservoir nord va pouvoir s'achever à l'aide des matériaux acheminés (sable et ciment).










Début 2009, la réflexion s'articule sur le système de redistribution vers les différents ranchos de la localité (redescente de l'eau par effet de gravité) et la question de la construction de petits réservoirs individuels par famille (30 familles) en fin de parcours est à l'ordre du jour (capacité de 2000 litres, en briques de terre cuite fabriquées sur place).










Un grand MERCI aux donateurs :


Marie-Véronique, David & Frédérique, Marie-Claude, Laurent & Valérie, Serge, Annick, Marcel & Monique, Dominique, Françoise, Sandrine, Marie-Ange, Alain & Edith, Violette, Marjolaine, Marie-Alice, Frédéric de l'association SEI, Isabelle, Raphaël, Sylvie, Claudine, Rémy, Michèle, Denis, Le groupe d'enfants : - Marin & Just, Salomé, Janelle & Gaspard, Thomas, Nathan, Anaïs, Charline, Marie, Remy & Wilhelm - , Colette, Marinette, Bruno, Geneviève, Armelle, Michel, Liliane, Geneviève, Robert, Dominique, Bruno, Estelle & Fred, Isabelle, Christophe, Elizabeth, Michel & Christine, Jean-Claude & Catherine, Anne-Valérie & Pascal, Philippe & Maria, Alain & Yohan & Bertrand & Rosa, Laure, Denis LEMAISTRE, docteur en ethnologie, Ronald, Sandrine, Anne, Valérie & Gilles, Bernadette, L'association TLAXNAIWALHAC, Arnaud & Savina, Nathalie & Edouard, Yvonne, Jean-Michel de VISIONS CHAMANIQUES, Rémi, Eric, Muriel & Eric, Isabelle & Patrick




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