aller en bas de page Accueil


RESISTANCES








Le conflit actuel du Chiapas n'est pas apparu du jour au lendemain : il correspond à l'aboutissement d'un processus d'organisation ample et complexe face à une situation d'injustice historique et de marginalisation. Différents facteurs sont identifiés.












Les origines de la rébellion au Chiapas et la vie des communautés au quotidien. La rebelión bajo sitio" (2008) est un documentaire de Greg Berger montrant la réalité dans laquelle vivent les bases communautaires : persécutés, battus et parfois tués par l'armée ou les paramilitaires. Des domaines tels que la communauté de Bolon Ajaw souffrent des mesures inhumaines de l'armée qui a brûlé leurs maisons et voler leurs animaux. La lutte continue: la paix, la santé, l'éducation, l'indépendance, la terre, la liberté, la démocratie ...







La signature du Traité de Libre Commerce entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique (ALENA) entré en vigueur le 1er janvier 1994 :


Depuis 1994, l'ouverture de la Zone de Libre Echange Nord Américaine a plongé l'agriculture locale dans une crise sans précédent. Les paysans chiapanèques en concurrence avec les fermiers américains largement subventionnés ne peuvent plus vendre leurs récoltes de maïs. L'agriculture vivrière menacée, les paysans rejoignent les villes, fournissant une main d'œuvre corvéable à merci pour les " maquilladoras ", les usines de sous-traitance de l'industrie américaine.



Frontière Mexique USA

Frontière Mexique USA - photo de Patrick BARD



La réforme de l'article 27 de la Constitution :


En 1992, l'article 27 de la Constitution a été réformé afin de permettre l'achat et la vente des terres communales (quand la terre appartient à l'ensemble des membres de la communauté), transactions qui étaient auparavant interdites pour protéger cette forme de propriété collective de la terre. L'affaiblissement du système 'ejidal', structure fondamentale de l'organisation communautaire indigène (chaque 'ejidatario' reçoit une parcelle de terre, et toute décision qui a trait à ces terres doit être prise par l'assemblée des 'ejidatarios'), a eu pour effet d'accélérer la destruction du tissu social communautaire. Cette réforme a généré une forte mobilisation sociale dans tout le pays. Sa dérogation est l'une des principales demandes du soulèvement armé de 1994.



Droits des Peuples Indigènes

Droits des Peuples Indigènes - photo de Miguel ZAFRA




La chute des prix du café en 1989 :


L'exemple du café. La chute des cours du café, deuxième produit d'exportation mondiale derrière le pétrole, au plus bas depuis 30 ans, menace la survie de millions de petits producteurs du Sud qui, en Afrique et en Amérique Latine, assurent plus de 70 % de la production mondiale du café.La mondialisation néolibérale, dont le but est d'augmenter les profits des grandes entreprises, exploite le travail bon marché pour garantir des prix bas aux consommateurs, maintenant les producteurs de café dans un cycle de pauvreté et d'endettement. Au Mexique, le prix actuel n'assure même pas au producteur la couverture des frais de production : en 2005, au Chiapas, les " coyotes " - les intermédiaires qui exercent un vrai racket sur les paysans - ont payé 7 pesos (environ 0.6 €) le kilo de café, ce qui était largement inférieur au coût moyen de production. À l'inverse, l'industrie du café (les filiales des multinationales comme Phillip Morris, Procter et Gamble, Nestlé…) enregistrent des profits records.






La discrimination raciale :


Une situation de forte discrimination raciale est observée bien que la population indigène non métisse représente 35% de la population totale et la quasi-totalité de la population de la zone dite de conflit.



Exode de réfugiés Tzotzils vers Polho

Exode de réfugiés Tzotzils vers Polho - photo de Carlos CISNEROS






"En bas, dans les villes et les haciendas, nous n'existions pas.
Nos vies valaient moins que les machines ou le bétail.
Nous étions comme les pierres, comme les plantes au bord des chemins.




Nous n'avions pas la parole.
Nous n'avions pas de visage.
Nous n'avions pas de nom.
Nous n'avions pas d'avenir.
Nous n'existions pas.



photo OSECAPIACH



Pour le pouvoir, qui, dans le monde entier, s'habille aujourd'hui du nom de néolibéralisme, nous ne comptions pas, nous ne produisions pas, nous ne consommions pas, nous ne vendions pas. Nous étions un chiffre inutile pour les comptes du grand capital. Alors, nous sommes allés dans la montagne pour nous chercher et pour voir si nous trouvions un remède à notre douleur d'être pierres et plantes oubliées.


…La montagne nous a dit de nous couvrir la face pour avoir un visage, d'oublier notre nom pour être nommés, de garder notre passé pour avoir un avenir.


…Derrière nos visages noirs, derrière nos noms innommables, derrière nous, que vous voyez, nous sommes vous. Nous sommes les mêmes hommes et les mêmes femmes. Simples et ordinaires, de toutes les races, de toutes les couleurs, de toutes les langues et de tous les lieux, les mêmes hommes et femmes oubliés, les mêmes exclus, les mêmes intouchables, les mêmes persécutés. Nous sommes vous-mêmes. Derrière nous-mêmes, nous sommes vous autres


Derrière nos passe-montagnes, il y a le visage de toutes les femmes exclues. De tous les Indiens oubliés. De tous les homosexuels brimés. De tous les jeunes méprisés. De tous les immigrés maltraités. De tous les emprisonnés pour leur parole et leur pensée. De tous les travailleurs humiliés. De tous les morts d'oubli. De tous les hommes et toutes les femmes simples et ordinaires qui ne comptent pas, que personne ne voit, que personne ne nomme, qui sont sans avenir".


Ana Maria / Chiapas, 1996.
Paroles d'accueil lors de la rencontre intercontinentale








Commémorations des 30 ans de l'EZNL et des 20 ans du soulèvement chiapanèque


EZNL : 20 ans, c'est rien ? par Gloria Muñoz Ramirez




Tout a commencé par une déclaration de guerre. L'ultime option, comme ils dirent, mais bien une guerre. Beaucoup dirent alors que tout était symbolique, que les armes ne comptaient pas, qu'il ne s'agissait pas d'une armée régulière, mais d'un groupe de va-nu-pieds armés de manches en bois.


Mais il y eut, et il y a une guerre. Sept chefs-lieux municipaux ont alors été pris, les portes des prisons remplies d'indigènes innocents ont été ouvertes, les palais municipaux, symboles du pouvoir et de l'ignominie, détruits ; furent récupérées des terres, des grands domaines terriens, et le bétail aux mains des grands propriétaires et des caciques; les policiers et les porte-flingues des grands éleveurs furent désarmés ; il y eut un prisonnier de guerre. Et la mort, qui existait déjà, se fit visible.


20 ans, c'est rien? Cela dépend. Deux décennies déjà que l'EZLN a initié un chemin qui jamais ne fut envisagé pour eux seulement. Formé majoritairement de tzotziles, tzeltales, tojolabales, choles, zoques et mames, elle ne naquit pas avec des revendications purement indigènes. Depuis le début (novembre 1983, voire avant), la lutte nationale était en ligne de mire. En 1983, l'EZLN se demandait " comment ferait-on pour obtenir une bonne santé, une bonne éducation et de bonnes conditions de logement pour tout le Mexique? C'est un engagement bien trop grand, et bon c'est comme ça qu'on le voyait.


Durant ces 10 premières années nous avons acquis beaucoup de connaissances, d'expérience, d'idées, de formes d'organisation. Et on pensait : " comment va nous recevoir le peuple mexicain ? (parce qu'on ne l'appelait pas " société civile "). Et on pensait qu'ils allaient nous recevoir avec allégresse parce qu'en fait on va lutter et mourir pour eux, parce qu'on veut qu'il y ait la liberté, la démocratie et la justice pour tous. Mais en même temps on pensait : " comment ça sera ? ". Est-ce que vraiment ils vont nous accepter? ", se souvenait il y a quelques années l'actuel sous-commandant Moisés, dirigeant tzeltal, visionnaire et révolutionnaire. Le moment arriva le 1er janvier 1994. La guerre surpris le monde entier. Ainsi que l'irruption d'une société civile avec laquelle cela fait 20 ans aujourd'hui qu'ils se rencontrent.


S'il faut reconnaître au mouvement quelque chose, c'est son entêtement à porter des initiatives dont l'important, bien qu'elles ne se concluent pas forcément bien, fut de les parcourir, et de ne pas se rendre. Aujourd'hui, les zapatistes sont les mêmes et autres en même temps. Les mêmes parce que leurs exigences sont toujours autant d'actualité qu'avant. Différents parce que les années ne passent pas dans le vent, et les années ne défilent pas impunément. Le Mexique est autre aussi, tout en restant identique. Le salinisme (mode de gestion politique mis en ouvre par le président mexicain Carlos Salinas de Gortari de 1988 à 1994, qu'on pourrait qualifier de néo-libéral mafieux, cooptant les organisations sociales pour faire avaliser ses réformes libérales et ses intérêts économiques) qui les recevait en 1994 est ce qui domine aujourd'hui à nouveau, sous un autre nom. Le saccage est toujours en cours. Personne ne discute au zapatisme le fait d'avoir flanqué le coup le plus sévère à un système que déglutit tout. Leur Ya Basta ! fut démolisseur. S'en suit une lutte très vigoureuse dans un monde sous la coupe de négociations de partis concédant tout.


L'organisation autonome de leurs villages est un de leurs succès les plus notables, unique sur toute la planète dans ses modalités. Ce n'est pas son seul succès. Ne voir que là l'héritage zapatiste, c'est oublier la résonance nationale et mondiale d'un mouvement arrivant à son vingtième anniversaire (30 depuis sa fondation), sans s'être rendu. Qui peut dire la même chose ?



EZLN : Trente ans de la plus sensible des illusions :
http://desinformemonos.org/2013/12/ezln-treinta-anos-del-mas-sensato-de-los-delirios


30 ans de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale :
http://desinformemonos.org/2013/11/30-anos-del-ejercito-zapatista-de-liberacion-nacional


EZNL : 20 ans, c'est rien? Déclaration de guerre
http://www.jornada.unam.mx/2013/12/28/opinion/006o1pol


La fleur de l'autonomie ne pousse pas partout :
http://desinformemonos.org/2013/08/la-flor-de-la-autonomia-no-crece-en-todas-partes-gustavo-esteva-intelectual


20e anniversaire de l'insurrection indigène zapatiste:

http://desinformemonos.org/2013/09/que-este-acontecimiento-global-ilumine-el-20-aniversario-de-la-insurreccion-indigena-zapatista-jaime-montejo-brigada-callejera-elisa-martinez


Les zapatistes, l'art de la construction d'un monde nouveau :
http://desinformemonos.org/2013/09/los-zapatistas-el-arte-de-construir-un-mundo-nuevo-raul-zibechi


Les mots et les histoires pour redécouvrir l'EZLN :
http://desinformemonos.org/2013/12/palabras-e-historias-para-redescubrir-al-ezln







retour en haut de page Accueil