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L'AUTONOMIE CHIAPANEQUE





Au sud-est du Mexique, l'état du Chiapas subit l'influence conjuguée de la mondialisation économique et de l'héritage de la colonisation espagnole. Mais si le pillage des ressources et l'exploitation des hommes y sont une tradition de plus de 500 ans, la révolte l'est aussi. Des rébellions s'y sont succédées de la conquête espagnole à nos jours avec l'insurrection des indigènes Zapatistes.





Autel des Sacrifices

Autel des Sacrifices



Ces cinq cents années de lutte trouvent leur origine dans l'anéantissement d'une civilisation millénaire, des plus avancées sur le plan intellectuel et esthétique, par une poignée de conquistadores commandés par Hernán Cortés. Deux années suffisent au colon espagnol, entre 1519 et 1521, pour prendre Tenochtitlán, capitale de l'empire aztèque, rebaptisée México, capitale de la Nueva España, et reléguer les indiens au rang d'esclaves. Une nouvelle pyramide sociale émerge, définie par la peau, la famille, et le lieu de naissance. De nouvelles maladies et une nouvelle religion sont aussi introduites.




1963 - Exploracion de Calle de los Muertos de Tehotihuacan Mexico (3ème pyramide mondiale)

1963 - Exploracion de Calle de los Muertos de Tehotihuacan Mexico (3ème pyramide mondiale)

Pyramide du Soleil de ChiChen Itza

Pyramide du Soleil de ChiChen Itza



Au XVIIIe siècle, les mines, le commerce, et l'agriculture (les haciendas commencent à émerger) génèrent des petites fortunes aux peninsules (nobles colons) et criollos (né en Nueva España, de parents espagnols), alors que 9 millions de peones (ouvriers agricoles) travaillent dans les haciendas où les salaires et conditions de vie sont misérables. C'est dans cette colonisation que se trouve l'origine du combat zapatiste.





Bien avant que n'éclate au grand jour le mouvement de lutte armée EZNL (Armée Zapatiste de Libération Nationale), le premier janvier 1994, existaient déjà au Chiapas des mouvements qualifiés de pacifiques, car non armés, décidés à construire l'autonomie des populations et des communautés sans chercher à prendre le pouvoir pour autant.


Depuis le début des années 90, en effet, des zapatistes civils et pacifiques s'organisent en des formes démocratiques et actives - à l'exemple de la société civile " Las Abejas " que nous soutenons - dans les domaines de l'entraide, de l'organisation sociale, éducative, économique et sanitaire, sans aucun moyen ni aucune aide, et pourtant des résultats. 20 ans plus tard, les indigènes ont retrouvé toute leur dignité de personnes et leur dignité identitaire.

Il était une fois un monde à l'envers...

Il était une fois un monde à l'envers...


Rebelion de Ninos y Mureres Tzeltal

Rebelion de Ninos y Mureres Tzeltal - photo de Pedro VALTIERRA

Face au gouvernement qui laisse bafouer la justice et la démocratie, les populations se sont levées -comme à maintes reprises dans l'histoire du pays - organisées sur la base d'assemblées communautaires, et partagées entre la lutte non armée et la lutte armée. Ces deux luttes se rejoignent sur les buts mais non sur les moyens en un front commun pour la libération, le FZLN ou Front Zapatiste de Libération Nationale.



Ces différentes entités, rebelles au gouvernement, s'organisent en structure " associatives de solidarité sociale " " sociétés civiles ", et " municipalités autonomes ". Les petits producteurs s'organisent sous forme de " coopératives autonomes " pour piloter leur propre exportation. Ces dernières structures sont devenues l'arc de voûte des communautés pour de nombreuses réalisations participant à la mise en place d'une autonomie forte et solide : coopérative de café, de maïs, de miel, de textiles, de bois, d'artisanat, … cliniques autonomes, écoles autonomes, transports autonomes …







Voici ci-dessous quatre livres « La Liberté Selon les Zapatistes », traduits en français. Ces matériels de cours ont été distribués aux élèves de tous pays venus participer à la "Petite École zapatiste" qui a eu lieu en 2013 et 2014 dans les cinq Caracoles zapatistes, au Chiapas, Mexique.





Dans une région où la plupart des paysans sont privés des services de base comme l'eau, l'électricité, l'éducation et la santé, ces derniers affirment par tous les moyens leur volonté de rompre avec le système libéral qui les oppresse. En résistance face au gouvernement, ces milliers d'indiens, déterminés, construisant des projets alternatifs, sont victimes d'agression régulière de la part des paramilitaires et continuellement menacés par un gouvernement décidé à désarticuler toute forme de résistance et d'organisation alternative. Ce dernier développe dans cette région de haut intérêt stratégique, à cause des ressources naturelles tel le pétrole, l'uranium, l'eau, la biodiversité…, une politique de contre-insurrection civile et militaire, dite guerre de basse-intensité.













Depuis 20 ans, avec une organisation horizontale et autonome sur tous les plans (politique, justice, éducation, santé, alimentation...), le mouvement zapatiste est l'un des plus beaux exemples d'alternative au système capitaliste pour tous ces gens dans le monde qui, à leur échelle, agissent, résistent et construisent d'autres réalités plus humaines. Une révolution en marche depuis 20 ans qui illustre qu'un autre monde est possible et existe déjà !











LE MOUVEMENT ZAPATISTE





Se réclamant de l'idéal de la révolution d'Emiliano Zapata, L'EZLN (Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional = Armée Zapatiste de Libération Nationale) revendique des terres cultivables, la reconnaissance des cultures indigènes, l'accès aux hôpitaux et aux écoles, la justice et la démocratie.





Place du Zocalo Mexico

Place du Zocalo Mexico




Le groupe qui a donné naissance à l'EZLN commence son action clandestinement dans la Forêt Lacandone à partir de 1983. Le contact avec les communautés indigènes a élargi les perspectives du mouvement, et cela explique le fait que sa force réside dans le vaste appui social dont il bénéficie.


La fleur née du dialogue ne meurt pas

La fleur née du dialogue ne meurt pas


Dix ans plus tard, le 01 janvier 1994, date d'entrée en vigueur de l'ALENA (traité de Libre Commerce entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique), descendant des montagnes, les sans-voix, les sans-terre, les oubliés de toujours occupent les principales villes du Chiapas, état le plus pauvre du Mexique. L'EZLN apparaît publiquement pour la première fois et, avec elle, tous les Indiens en lutte réclamant la dignité, la justice, la démocratie pour tous, la reconnaissance de leurs droits et de leur culture. Renaît ainsi le cri de " Tierra y Libertad " autour duquel se rassemblaient les partisans d'Emiliano Zapata. Pris dans une modernité qui ébranle leurs traditions, les Indiens du Mexique, dans l'urgence à survivre qui est leur quotidien, résistent non pas au nom du communautarisme fermé mais d'une démocratie qui accepte la diversité. Les zapatistes ne stigmatisent pas le coté indigène et ne s'enferment pas dans une autonomie de lieu. Ils ne refusent pas l'état mexicain mais son contenu politique et son approche des problèmes qui se posent partout : démocratie, identité, mondialisation, devenir de la gauche …)






Après avoir obtenu l'ouverture de négociation avec le gouvernement sur ses principales revendications lors des accords de San Andrès, les zapatistes ont organisé une marche sur Mexico pour soutenir leurs demandes. Le gouvernement leur a permis à cette occasion de s'exprimer devant le parlement puis il a voté à la va-vite une " loi indigène " trahissant totalement l'esprit des accords négociés préalablement. Rompant alors tout dialogue, l'EZLN s'est retirée dans les montagnes.








En 2003, après dix ans de répression, les zapatistes ont proclamé l'autonomie de plusieurs municipalités insurgées, décidant de ne plus dépendre du "mauvais gouvernement ". Fondamentalement incompatibles avec le système libéral, ces municipalités résistent à la répression et l'ostracisme dont elles sont victimes de la part de l'état mexicain, de l'armée et des entreprises capitalistes. Ces communes en rébellion sont autogérées et organisées pour assurer leurs besoins sociaux, faire vivre leurs cultures et leurs langues.






Depuis le début de leur lutte, les héritiers de Zapata ne revendiquent pas le pouvoir " cette chaise vide " et déplacent le conflit du terrain militaire au terrain médiatique. Ils étonnent par leurs actions, notamment quand ils organisent la première " rencontre intergalactique contre le libéralisme " regroupant plus de 3000 personnes des cinq continents. Précurseurs d'un alter-mondialisme combattant, les indigènes Zapatistes ont ouvert une courageuse brèche dans la pensée unique à deux pas de l'empire libéral américain. Ils ont disséminé leurs cris " Para todos todo !, tout pour tous , rien pour nous ! " et " Ya basta ! , ça suffit ! " sur toute la planète.






Comment le gouvernement mexicain saura-t-il répondre autrement que par les armes à l'appel désespéré (répercuté par l'EZNL) des paysans du Chiapas. Peut-il continuer à nier les évidences qui ont motivé la monté en puissance de celui-ci : la misère, la spoliation, la sous alimentation, l'endettement à vie, les absences cruelles d'écoles, de cliniques … qui rendent d'autant plus intolérables la violence des grands propriétaires et le cynisme des caciques ?




Marche Zapatiste du 12 mars 2001 Place du Zocalo Mexico

Marche Zapatiste du 12 mars 2001 Place du Zocalo Mexico





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